Zero To Hero: The "Fucking White Guy"!

Sorti des bas-fonds les plus sombres de Detroit, le nouveau visage pâle du mouvement hip-hop made in U.S. est devenu l'une des sensations de l'année 1999 avec The Slim Shady LP, album qui nous a permis de découvrir, outre un flow et des freestyles des plus particuliers, une acidité verbale que certains ne pourront avaler qu’avec une dose massive d’édulcorant. Truffé de réflexions cinglantes sur les personnalités locales de l’industrie du disque et de déclamations tordues en réponse à quelques vingt cinq ans de galère, l’album chargé " à blanc " d’un humour bien noir, remporte, malgré des textes sujets à controverses, un Grammy Award point de départ d’une rapide ascension.

Avec, pour détonateur un My Name Is ... d’une efficacité redoutable, il devient très vite inutile de le présenter. Violent, choquant, parfois vulgaire, (profondément inspiré, surtout quand les mots riment avec " fuck! " ou " ass "), et en dépit de son manque de pigmentation, ce roi de la rime du Michigan a aujourd’hui définitivement gagné le respect d’un milieu hip hop underground pourtant difficile à conquérir.

Second aux Rap Olympics de Los Angeles en 1997, Marshall Mathers, alias Slim Shady et aujourd’hui Eminem, s’est construit une réputation underground d'excellent MC, bien avant la sortie de son premier album au sein d’une major. Au cours des tournées nationales du Lyricist Lounge, d'épiques batailles de freestyle ont suffi à établir définitivement la notoriété du rappeur dans le milieu hip hop. Et un beau jour, son flow déboule dans l'oreille de l’un des plus importants promoteur du rap façon Côte Ouest: Le " Quincy Jones " de la production hip hop, Mr. ex NWA. Après avoir révélé Snoop Dog et Death avec The Chronic, le célèbre Dr. Dre décide immédiatement de prendre le jeune prodige sous son aile et de l’intégrer à son label Aftermath. Une étroite collaboration commence: l’album de la révélation, Slim Shady, au départ produit par Funky Bass Team Production, se fera avec la participation de Dr. Dre sur My Name Is, Guilty Coinscience, et Role Model. Inversement, Eminem apparaît sur Chronic 2001, le dernier album de l’ex NWA. Dans Still D.R.E., le petit prince blond du rap confirme son excellence dans des lyrics qui tapent.

Parfaitement représentatif de cette nouvelle tendance qui invite le rap à prendre des risques et à s’exposer, notre anti-bubblegum rappeur n’a pas mâché ses mots sur des sujets tels que le viol, le meurtre ou la drogue. A 25 ans, il ne veut pas s'arrêter en " si bon chemin ". Non content de s'être déjà mis une partie de sa famille à dos pour ses propos (sa propre mère lui fait un procès), il déclare vouloir pousser la liberté d'expression le plus loin possible.

Dans son dernier album, The Marshall Mathers LP , dont on commence à entendre le premier extrait sur les ondes françaises, le poulain de Dre ne fait toujours pas dans la dentelle. Son producteur, Jeff Bass a annoncé qu’Eminem allait enfin dire tout ce qu'il voulait vraiment dire. Poussant la provocation encore plus loin, il s’attaque maintenant à Jennifer Lopez et Puff Daddy (en déclarant que la seule fille avec qui il coucherait bien dans le showbiz est… Jennifer Lopez et que Puff Daddy le sait bien), à sa mère (en l'appelant " la folle et la s... qui me fait un procès pour 10 millions "), à sa femme (qu'il torture dans l'une de ses chanson pour être sortie avec un autre homme), à des célébrités disparues (comme Gianni Versace par exemple), aux handicapés (en faisant des blagues douteuses sur Christopher Reeves), aux homosexuels, ainsi qu'à de nouvelles cibles comme les BackStreet Boys, Ricky Martin, N'Sync et Britney Spears. Il crache méchamment son venin sur Christina Aguilera dans le premier single extrait de son nouvel album. En effet, The Real Slim Shady contiendrait une description des plus graphiques de la chanteuse ayant une relation sexuelle assez particulière. Il n’est pas impossible que des hostilités se déclenchent sans tarder.

Le personnage de Slim Shady est pour Marshall Mathers ce que le Mr Hyde fut au Dr Jeckyl. La face la plus sombre de ce jeune homme qui ne s’est jamais vraiment remis du jour où on lui a piqué son déjeuner à l’école, et qui prend sa revanche sur le monde en se libérant de ses nombreuses frustrations. Renversant les rôles, en faisant subir au monde autant d’abus qu’il en a subi en grandissant dans les quartiers black de cette ville où blancs et noirs ne partagent pas le même trottoir, celui qui a travaillait dans un grill pour $5.50 de l’heure, a gardé un goût prononcé pour l’ultra violence. Un goût pour les sentiments extrêmes, qui lui valent aujourd’hui des démêlés avec la justice, comme ses compères Tupac ou Slick Rich. (Quel rappeur n’en a pas encore eu!)

Actuellement en liberté conditionnelle (et non pas d’expression, cette fois), bientôt jugé pour port d’arme illégal, il risque, comme Slick Rich d’écrire son prochain LP en prison : une nouvelle source inspiration qui n’est pas prête d’adoucir ses propos...

Sacha

(source : www.top50online.com)

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